À l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, la Grande Mosquée de Paris a ouvert ses portes en accès libre. Entre détails sur l’histoire du lieu, architecture typique et savoir-faire, la visite peut laisser sur sa faim.
Avec son minaret s’élevant au cœur du 5e arrondissement, la Grande Mosquée de Paris se distingue de l’architecture environnante par son style reprenant celui des grandes mosquées historiques, multifonctionnelles.
La visite débute dans le patio aux ambiances riches et accueillantes, où les arches ornées d’entrelacs typiques délimitent l’espace donnant sur les quatre portes. Deux d’entre elles s’ouvrent sur des jardins, dont l’un est l’accès vers la salle de prière des femmes et l’école de la mosquée. Par le patio se fait également l’accès à la salle de prière des hommes, observable sur le chevet de la porte car l’entrée est réservée aux fidèles. Pour les explications sur le lieu, il faut poursuivre son chemin vers la bibliothèque.
Dans cette pièce exigüe sont apposées des explications architecturales sur une table centrale et des ouvrages rangés derrière des vitrines. « Tu penses qu’on peut les consulter sans être de confession musulmane ? », peut-on entendre souffler un curieux. À vrai dire, le lieu peut laisser sceptique sur son rôle dans la communauté musulmane ou auprès des visiteur.euse.s.
En poursuivant le chemin fléché, les panneaux sortent enfin de terre pour exposer l’histoire du bâtiment. La première pierre est posée en octobre 1922 dans le but de construire un lieu d’honneur pour les soldats musulmans ayant combattu aux côtés des Français durant la Première Guerre mondiale. Ou plutôt sous le commandement de la République française. À cet instant de la visite, il est possible de ressentir une forte gêne, un sentiment de malaise.
Rappeler l’action de la République
« À l’occasion du centenaire de la pose de la première pierre […], Monsieur Emmanuel Macron Président de la République est venu exprimer la reconnaissance de la France […] et rappeler l’action de la République pour la construction de la Grande Mosquée de Paris. » La phrase trône fièrement sur une stèle apposée à la fin du parcours organisé dans la mosquée. Comme un écho à la phrase prononcée par Edouard Henriot en 1920 : « Il peut paraître fâcheux que la France, puissance musulmane qui, je crois, a près de 20 millions de sujets de confession musulmane, ne puisse pas leur offrir, quand ils viennent à Paris, un lieu où ils puissent pratiquer librement leur culte ». Cela va sans rappeler que l’offre, une vingtaine d’années plus tard, portera plutôt sur celle des transports que sur la liberté de pratique du culte.
Une visite en demi-teinte, avec un manque certain de détails sur la culture musulmane mais pléthore d’informations sur le rôle de la République française dans la construction de l’édifice. Organiser des visites guidées par les fidèles comme le font certaines mosquées dans le cadre d’événements tels que les Journées du Patrimoine ne serait pas de refus dans ce lieu chargé d’histoires et de richesses culturelles à partager à cette occasion.
